HBM6U01 - La terre confisquée : luttes et mémoires des peuples colonisés

C’est à travers les branches du mûrier ancestral planté devant la fenêtre de la maison familiale que Rachid, le narrateur des Figuiers de Barbarie, voit défiler l’histoire sanglante de l’Algérie. Dans Les Boucs, c’est en entendant le chant des grives que les damnés de la terre semblent recouvrer le sens de leur humanité perdue. Quant au poète martiniquais, il lui faut revenir dans l’archipel oublié de l’enfance pour trouver un souffle révolutionnaire aux accents prophétiques. Dans le contexte de la colonisation, la nature se charge soudain du poids de l’histoire, et devient le lieu où se joue, aussi, la lutte des peuples colonisés : la terre confisquée se transforme ici en terrain de guérilla, là, en espace perdu menacé par l’oubli, là-bas encore, en lieu de mémoire. À travers trois œuvres ancrées dans les luttes indépendantistes et leur héritage, du Maghreb aux Caraïbes, nous étudierons la façon dont la littérature peut devenir un espace de résistance et de réappropriation de l’histoire, notamment à travers l’élaboration de nouvelles mythologies et de nouvelles formes de solidarités transhistoriques et transnationales. Nous aborderons également dans ce cours des questions d’écopoétique, en particulier à travers le rapport entre la colonisation et l’exploitation de la terre.

Corpus :
Rachid Boudjedra, Les Figuiers de Barbarie, Paris, Grasset, 2010.
Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal, Paris, Présence Africaine, [1939], 2000.
Driss Chraïbi, Les Boucs, Paris, Denoël, [1955] 2003.