HAP 302 C Esthétique et théorie de l’art niveau 3 - 2h
Enseignant : Charles Floren

L’expérience esthétique - L’objet du cours sera de comprendre la nature de l’expérience esthétique à la fois à son niveau le plus simple, on pourrait même dire le plus élémentaire et dans ses prolongements plus sophistiqués, c’est-à-dire aussi bien comme ouverture de la sensibilité que comme effet induit par les œuvres d’art. On comprend par là le problème qui se profile : est-ce l’objet qui attire mon attention ou est-ce moi qui projette un halo esthétique sur lui ? Est-ce le sujet qui impose son regard esthétique aux choses ou est-ce l’objet qui s’impose et force l’attention esthétique ? L’expérience esthétique, quel que soit son degré de sophistication, n’est-elle pas tout à la fois le refuge inexpugnable de la subjectivité et l’épreuve de ce qui reste du réel lorsqu’il ne fait qu’apparaître ? Comment décider de la primauté éventuelle du sujet ou de l’objet et faut-il décider ?
 On voit d’emblée les deux versants que peut suivre la réflexion esthétique : celle d’une élucidation des conditions subjectives de l’expérience esthétique, ou celle d’une analyse de l’objectivité irréductible de cette expérience. L’art sera situé à la suite de ce choix : expression d’une irréductible subjectivité ou manifestation d’une présence quasiment préréflexive. Esthétique de la subjectivité aux accents psychologiques ou ontologie de l’œuvre d’art seraient deux façons d’aborder ou de délimiter les contours de l’expérience esthétique. 
La difficulté tient à ce que, pour l’instant, l’expérience esthétique peut être tout à la fois considérée comme l’origine de l’art que comme les effets –plus ou moins intentionnels- induits par les œuvres. John Dewey, par exemple, dans son souci de combler le fossé séparant l’art et son public, se proposait, pour comprendre l’expérience esthétique, de partir des expériences les plus simples et les plus quotidiennes. Cependant, si pour Dewey cette continuité mérite d’être restaurée, c’est qu’elle ne va pas de soi ou qu’elle s’est perdue. Et il faut commencer par distinguer la perception ordinaire de la perception esthétique pour répondre très simplement à la question de savoir si l’expérience esthétique est une manière d’ajouter quelque chose à la perception ordinaire, ou si au contraire elle n’est pas fondamentalement une sorte de réduction, de simplification ou de neutralisation de l’expérience.