HLE5U02 Littérature hispanique 5

Littérature médiévale hispanique. Enseignant : Michel Jonin
Le cours comprend des séances magistrales et des travaux dirigés sous forme d’exposés et d’explications de textes.

Œuvre au programme : Les fables castillanes de El Conde Lucanor de don Juan Manuel (Seront étudiés exclusivement les prologues et les contes)

«Un grand señor fablava con un su consegero. Et dizían al señor conde Lucanor, et al consegero, Patronio.»

Un livre de contes médiévaux, chef d’œuvre de la prose didactique castillane du XIVe (1335), écrit par un grand aristocrate, don Juan Manuel, et dont chacun des 51 chapitres s’ouvre par une scène où le jeune comte Lucanor expose à son serviteur et conseiller Patronio une situation délicate à laquelle il vient d’être confronté et dont il n’a pas la solution. Le clairvoyant Patronio propose, alors, à son maître une conduite à suivre que celui-ci adoptera avec succès. Cet heureux conseil, Patronio le dispense sous la forme d’un conte. Un conte exemplaire mettant en scène une situation plus ou moins analogue à celle de Lucanor. Ce qu’on nomme, au Moyen Age, un exemplum. Ces contes-conseils ayant fait leur preuve, « l’auteur », don Iohann, les consignera dans un livre-recueil.
Mais pourquoi un conte ? Eh bien, parce que, comme l’affirme le prologue : «cada omne aprende mejor aquello de que se más paga» («cada persona aprende mejor lo que le resulta más agradable»). Ressentir permet de mieux comprendre
D’un côté donc, le pouvoir, que Lucanor détient par héritage aristocratique, de l’autre, le savoir, que détient Patronio par apprentissage, et sans quoi, le pouvoir serait réduit à l’impuissance. Le dominus doit aussi devenir un magister. Mais n’est-ce pas à ce double statut à quoi prétend don Juan Manuel, l’auteur du Conde Lucanor ? Être, à la fois, Lucanor et Patronio.
Notre lecture s’essaiera principalement à mettre en lumière les préoccupations politiques fondamentale de ce « Miroir de l’aristocratie » : d’une part le maintien et l’extension du pouvoir. De l’autre, sa légitimation.
- Maintien et extension du pouvoir par l’acquisition d’une connaissance des signes permettant le contrôle des autres et du « monde ». Savoir les déchiffrer. Savoir les produire à son avantage.
- Légitimation du pouvoir par sa référence et sa soumission à l’ordre divin.