Responsables : Fârès Gillon, Olga Lizzini, Nadjet Zouggar
Thème : Les noms et attributs divins
L’affirmation de l’unité et de l’unicité de Dieu – le tawḥīd – est fondamentale en islam mais oblige les auteurs à répondre à une difficulté foncière : dire de Dieu qu’il est un devrait signifier que Dieu est et qu’il est donc une des choses du monde. Pourtant, en tant qu’absolument un, Dieu n’est pas – et ne peut pas être – une des choses du monde : celui qui est lui-même n’est pas tout le reste. « Dieu n’a pas d’égal » (Cor. II, 22 ; cf. XXVII, 60 ; LXII, 11 et CXII, 1-4). Mais le Coran donne différents noms de Dieu. Dieu – qui est ineffable et au-delà de toute représentation possible – est aussi nommable avec ses plus beaux noms. Ibn al-‘Arabī le souligne en se référant au verset XLII, 11 : « Il n’y a rien de semblable à Lui. Il est l’Audient, le Voyant » (cf. Cor. LIX, 24). La mention des noms divins – les nombreux attributs et les différentes descriptions de Dieu qui est – s’accompagne donc de l’affirmation de la transcendance de Dieu qui n’est pas comme les choses du monde. Dieu est dans l’être et en même temps au-delà de l’être. Face aux différents noms de Dieu, le premier problème qui se pose est celui de la compréhension de la signification de ces noms. Mais immédiatement liée à la question du sens est la question de leur relation avec l’être de Dieu qui, en soi, est absolument « un ». Quelle est la légitimité des attributs divins ? Sont-ils de simples métaphores pour indiquer l’essence unique de Dieu – selon la logique mu‘tazilite – ou sont-ils au contraire des réalités distinctes de celle-ci – selon la logique opposée, qui sera aussi celle des ash‘arites ? De plus, pour échapper à la multiplicité, et au polythéisme qui en est le risque (c’est le sens impliqué dans l’accusation de širk qui parcourt le Coran et ensuite la tradition exégétique), doit-on s’arrêter au mystère de l’incompréhensible (bi-lā kayfa) ou se limiter, tout au plus, à une analogie ? C’est ce contexte théorique qu’on abordera dans le séminaire en présentant quelques exemples des différentes approches de la question des attributs divins et de l’affirmation de l’unité et de l’unicité de Dieu dans la tradition intellectuelle (théologique et philosophique) de l’islam.

Semestre 1, les mercredis, 14h-16h, MMSH Salle A219

Programme des séances
Mercredi 13 septembre, 13h-15h : « Introduction » (Fârès Gillon, Olga Lizzini, Nadjet Zouggar)
Mercredi 20 septembre : « La question de l’Essence divine dans la falsafa » (Olga Lizzini)
Mercredi 27 septembre : « Ilāhiyyāt dans le kalām » (Nadjet Zouggar)
Mercredi 4 octobre : « L’Imam comme Nom de Dieu dans le chiisme » (Fârès Gillon)
Mercredi 11 octobre : « La théologie apophatique ismaélienne » (Fârès Gillon)
Mercredi 18 octobre : Intervenants : Gregory Vandamme, « La doctrine des noms divins dans le soufisme classique et la pensée d’Ibn ʿArabī » / Sean Anthony (Fârès Gillon)
Mercredi 1 novembre : Pas cours (jour férié)
Mercredi 8 novembre : « La théologie apophatique dans la falsafa » (Olga Lizzini)
Mercredi 15 novembre : « Le tawḥīd selon Ibn Taymiyya » (Nadjet Zouggar)
Mercredi 22 novembre : « Approches plurielles du tawḥīd » (Olga Lizzini)
Mercredi 29 novembre : « Débats contemporains sur les noms et attributs » (Nadjet Zouggar)
Mercredi 6 décembre : Conclusion (Fârès Gillon, Olga Lizzini, Nadjet Zouggar)