Le texte Sens et dénotation de G. Frege (1892) a pour objectif de poser le programme logiciste de Frege. Ce faisant, il soulève un certain nombre de problèmes que l’usage des langues naturelles dans les énoncés de la science pose à la clarté et à la nature explicite du discours proféré. Ces problèmes renvoient à des propriétés des langues naturelles, qui sont des obstacles pour le programme logiciste, mais qui s’avèrent des faits de langue à expliquer pour la linguistique.

L’objectif de ce cours est donc principalement de vous donner un aperçu de la façon dont la linguistique s’est emparée de ces questions soulevées par Frege à propos de la façon dont les langues maternelles transmettent de la signification.

Deux aspects différents de la signification linguistique sont abordés par Frege dans ce texte : la signification de ce qu’il appelle les « noms propres », que nous appellerons plutôt expressions définies en linguistique, que Frege évoque de la page 104 à la page 108. A partir de la page 108, Frege aborde la signification des propositions (des phrases entières) qui soulèvent des problèmes d’une autre nature.

Suivant en cela le développement du texte, ce cours abordera d’abord des questions relatives au sens des expressions définies, qui relèvent essentiellement en linguistique de ce qu’on appelle la sémantique lexicale. Nous aborderons la difficile question de savoir ce que signifie « signifier » pour un mot, le rôle que joue son association avec d’autres mots dans un syntagme, les difficultés que posent à l’analyse les questions soulevées par Frege comme celle de la synonymie, de l’homonymie, de la polysémie, de la façon dont on traite ces questions en linguistique.

Dans la suite du cours, nous verrons comment la linguistique a développé des descriptions et des explications de plusieurs difficultés liées à la sémantique de l’énoncé qui peuvent se résumer en deux points principaux soulevés par Frege : premièrement, le problème de la dépendance au contexte de la signification des énoncés, nous parlerons alors de deux mécanismes mis en jeu par l’interprétation des phrases qu’on appelle la deixis et l’anaphore ; deuxièmement le problème des contenus implicites transmis par les énoncés en plus ou à la place de leur sens littéral, nous traiterons alors les notions de présupposition, d’implicature et d’actes de langage.