Histoire culturelle des mondes anciens, partie II
Le phénomène urbain à l'époque hellénistique : les cas d'Alexandrie de Pergame et d'Athènes

L’architecture et l’urbanisme d’une ville sont le reflet des mutations politiques et des choix culturels tout autant que des structures d’une société. Le cours se propose de montrer comment, à l'époque hellénistique, des villes de l'Orient grec deviennent de véritables « mégapoles » en même temps que les capitales des royaumes fondés par les successeurs d'Alexandre : on passe alors d'une architecture urbaine fonctionnelle à une architecture d'apparat au service d'une idéologie de gouvernement. L'espace urbain est rationnalisé et théâtralisé, la ville devient musée, vitrine des espaces conquis et dominés. Avec l’entrée des royaumes hellénistiques dans l’orbite de Rome, on assiste à un double processus : sous l’influence du conquérant, le centre civique et religieux des villes grecques se transforme pour accueillir les signes de la nouvelle puissance. En retour, la monumentalisation des espaces urbains à Alexandrie, Pergame ou Athènes eut comme conséquence une hellénisation progressive des villes de l’Occident romain, au premier rang desquelles figure Rome elle-même, qui se dote à partir du IIe siècle av. J.-C. des principaux équipements monumentaux des capitales « royales ». La puissance de ce modèle hellénistique fut telle que ces dernières ne perdirent rien de leur rayonnement local à l’époque impériale : devenues à leur tour les capitales des nouvelles provinces romaines, elles firent l’objet de la sollicitude des empereurs comme des élites locales. Le mouvement ne s’effectua donc pas à sens unique : les échanges et les influences furent réciproques, ce qui constitua un puissant facteur d’unification du bassin méditerranéen.