« S’aimer et/ou s’épouser : représentation et enjeux du mariage dans la comédie (XVIIe-XIXe siècles) »

Si le mariage est le principal ingrédient dramatique du genre comique depuis sa création, c’est en tant qu’il est contrarié. L’essentiel de l’intrigue est alors consacré à contourner les obstacles empêchant l’union des deux amants. Or ces obstacles changent au fil des époques, prenant acte de la mutation des sociétés : le barbon de la comédie du XVIIe laisse place à des obstacles plus intérieurs – le doute de jeunes amants souhaitant confirmer l’authenticité des sentiments de l’autre, seuls garants d’un mariage réussi – jusqu’à conduire à un divorce moral : dans la société des plaisirs qui succède au second empire, l’amour se marie avec l’adultère. Dans la comédie classique de Molière, George Dandin, naïf bourgeois, voit dans le mariage la possibilité d’accéder à une condition supérieure, mais se heurte à la rigidité de la société d’Ancien Régime, rétive à ce type d’unions mixtes. Marivaux met en scène quant à lui les doutes d’un homme, soucieux d’une vérité du cœur, craignant que sa future femme ne l’épouse pour sa fortune. Musset, en digne héritier de ses prédécesseurs, réinvestit ce scénario marivaudien de mise à l’épreuve dans le genre de la comédie proverbe. Enfin, c’est toute la société jouisseuse et insouciante que Feydeau fait entrer sur scène, dans une intrigue où le futur marié peine à se débarrasser de son encombrante maîtresse à l’approche de son mariage. Ce cours sera ainsi l’occasion d’explorer l’évolution d’un genre et d’une société à travers quatre comédies traitant toutes de la question du mariage.