Des années 60-70 à aujourd’hui, la sociologie, en abordant la question des publics des arts et de la culture, a produit des résultats aussi intéressants que probants, et dans un même temps introduit un débat sur la manière de les étudier et de les « catégoriser ». Ce cours permettra dans un premier temps de comprendre les tendances lourdes (au sens statistique) des pratiques culturelles en France, et leurs liens avec la thèse de légitimité culturelle. Afin d’être au plus proche des pratiques culturelles actuelles, ces tendances lourdes seront ensuite nuancées par des phénomènes plus récents (on pense ici à Peterson avec l’omnivorisme culturel, mais aussi les analyses de Coulangeon, Fleury et Donnat) ainsi qu’une attention particulière sur des publics considérés à la marge des institutions culturelles dites légitimes. Comment appréhender la pluralité des espaces et pratiques culturelles tout en gardant à l’esprit la distribution sociale de ces pratiques ? Cette question résume l’intérêt et la difficulté de ce sujet, et nous tenterons d’y répondre à travers un corpus divers : études statistiques (DEPS), des concepts et résultats de sociologues (notamment Bourdieu, Hoggart, Passeron, Coulangeon, Peterson), mais également des études de cas appliquées. A travers ce corpus, nous aurons de la matière pour échanger ensemble sur les différents publics avec lesquels vous serez peut-être amenés à travailler, ainsi que d’affiner notre réflexivité sur nos propres pratiques, et la multiplicité de publics que nous pouvons incarner. En arrière plan, ce sont d’autres questions qui émergent, et qui seront explorées : sur les politiques culturelles, sur la démocratisation et la médiation, sur la politique des publics d’institutions culturelles, sur les hiérarchies entre les pratiques (des plus savantes aux plus populaires, des plus traditionnelles aux plus innovantes, des plus légitimes aux plus illégitimes, des plus univores aux plus omnivores), sur les freins réels et symboliques auxquels se heurtent certains groupes sociaux, ainsi que les questionnements qu’ont apportés des mouvements décoloniaux sur le sujet des pratiques culturelles et des publics.