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À travers une initiation à l’anthropologie par la lecture et la discussion de textes classiques de la discipline, ce TD permettra également de travailler différentes compétences universitaires (prise de notes, fiche de lecture, regard critique, participation aux débats, bibliographie, capacité de synthèse, etc.). Ce TD s’appuiera notamment sur la lecture suivie de l’ouvrage suivant :
Favret-Saada Jeanne, Les mots, la mort, les sorts : la sorcellerie dans le bocage. 1985 [1977], Paris, Gallimard, 332 p
« Comment éduquer des individus, en faisant d’eux des êtres moraux, c’est-à-dire des hommes au sens plein ? » Cette question constitue une bonne introduction à quelques problèmes centraux d’histoire de la philosophie, que nous tâcherons d’explorer ensemble :
1) le problème (psychologique) de la raison et des passions : la « vertu » est-elle réductible à un savoir qui pourrait s’enseigner ? Nous verrons comment Platon, en réponse aux sophistes, garantit la possibilité d’apprendre la vertu, à condition de repartir des potentialités au savoir déjà présentes en nous – ce qui le soumet à la critique d’Aristote, pour qui les vertus morales sont irréductibles à des capacités intellectuelles.
2) le problème (anthropologique) de la nature et de la culture : la formation morale de l’homme consiste-t-elle à cultiver la nature en lui, ou à la dépasser ? Nous nous arrêterons sur les présupposés de ‘l’éducation naturelle’ prônée par Rousseau : si c’est la société qui corrompt l’homme, alors il faut suivre chez l’enfant la marche de la nature, au lieu de traiter son esprit comme une simple « table rase » où inscrire les préceptes du devoir, comme le fait Locke – ce qui pose néanmoins le problème de la conversion à une morale autonome qui, pour Kant, exige de rompre radicalement avec les impulsions naturelles.
3) le problème (politique) de la contrainte et de la liberté : comment des institutions éducatives peuvent-elles éduquer l’homme à vivre libre en société ? Face à cette exigence d’autonomie, on se demandera quelle place il faut donner à l’autorité (de l’enseignant, des institutions) dans l’éducation aux enfants : si, comme le pense Dewey, l’éducation dans une société démocratique doit prendre le sens d’une libre expérience de la vie collective, faut-il renoncer à toute superstructure éducative et aller vers une « société sans école » (Illich) ? Nous finirons par la réponse d’Arendt à Dewey.